par François
ÉMOND, psychologue
Centre François-Michelle
Province du Québec
Quand la situation se corse...
A moins dêtre un pervers qui s'ignore, il est rare que lon recherche de façon intentionnelle les conflits juste pour le plaisir de se fâcher et d'imposer ses règles de conduite aux autres.
Il arrive cependant des situations scolaires dans lesquelles la confrontation semble inévitable et incontournable. Que faire lorsquun élève dans la classe persiste à s'opposer de façon systématique à toutes vos demandes, vous injurie avec les pires insanités, vous menace de tous les maux, vous fait du tapage dans le but évident de vous ulcérer et vous refuse toute autorité sur sa conduite?
Vous avez évidemment pensé à l'ignorance intentionnelle, mais quand l'émeute vous côtoie, il est difficile de reprendre sa respiration en pensant à ses vacances passées au bord de mer.
Que faire alors ? Ça fait au moins dix fois que vous lui dites sur tous les tons de
sasseoir et de se remettre à l'activité en cours et le résultat de vos
interventions est dune nullité complète. Pire, plus vous intervenez, plus il
s'oppose et vous provoque. Que faire alors? Vous le ramenez à sa place par le contrôle
physique. Aussitôt assis, il vous injurie, se relève et retourne où il était
initialement et refuse toutes vos demandes.
Qu'allez-vous faire?
1) Par le contrôle physique, je le ramène à sa place et je lui impose la position assise. S'il se relève, je l'assois tant et aussi longtemps qu'il se relève. Je me dis qu'il va bien finir par comprendre que cest moi qui décide ce qui se passe dans ma classe et non lui.
2) Je fais une colère terrible dans laquelle je crie plus fort que lélève et je réponds à ses menaces par mes propres menaces dans le but de lui montrer que cest moi qui ai le contrôle du groupe.
3) Jéclate en sanglots, je demande à être remplacé et je prends une semaine de maladie pour réfléchir à mon avenir dans lenseignement.
4) je demande laide dune tierce personne non impliquée émotivement dans l'escalade de la crise pour prendre en charge l'élève et ainsi diminuer l'état de tension au sein de mon groupe.
5) Je me dis, "Mais qu'est-ce que je fous ici !?" et je remets ma démission illico.
6) A suivre...
Qu'est-ce qu'un trouble comportemental en milieu scolaire spécialisé ?
Spontanément, le portrait qui nous vient à l'esprit, lorsqu'on pense à un élève qui a un trouble comportemental, est celui d'un enfant ou d'un adolescent qui ne suit pas les consignes, ne respecte pas les règlements, qui est opposant, perturbateur, impoli et souvent impliqué dans des conflits avec ses pairs.
Mais en y réfléchissant un peu, on se rend compte que ce portrait n'englobe qu'une partie de l'ensemble des troubles comportementaux que nous sommes en mesure dobserver dans notre pratique quotidienne.
Ainsi pour les besoins de ce texte et pour bien nous comprendre, nous allons décrire le trouble comportemental comme étant la manifestation dun ou de plusieurs comportements qui entraînent des difficultés dadaptation de lélève dans son milieu scolaire.
Pour simplifier une chose bien compliquée, nous allons inclure dans cette définition plusieurs catégories fréquemment utilisées dans les écrits: troubles de la conduite, troubles du comportement, hyperactivité, troubles affectifs, troubles de l'humeur, troubles névrotiques, troubles émotifs, troubles de la personnalité, troubles socio-affectifs, troubles relationnels, traits psychotiques, etc.
Par ailleurs, c'est souvent le contexte, la fréquence, la durée et l'intensité d'un comportement qui nous aident à déterminer l'existence d'un trouble comportemental. Par exemple, crier dans la cour de récréation est approprié, mais ceci lest beaucoup moins dans une salle de classe durant une activité scolaire où le calme est de rigueur. On peut aussi dire que crier une seule fois dans la classe n'est pas nécessairement un signe que l'élève a un trouble comportemental. Par contre, si l'élève crie régulièrement de façon compulsive avec une intensité telle qu'on ne s'entend plus dans la classe lorsqu'on s'adresse aux autres, il devient évident qu'il y a un problème.
C'est aussi l'excès ou linsuffisance de la fréquence d'un comportement qui sert à déterminer l'existence d'un trouble comportemental. Ne jamais se défendre est un problème, tout comme la tendance à agresser tout le monde. Ne jamais rire est un problème tout comme le fait de rire de tout et de rien. Ne jamais dire un mot est un problème tout comme le fait de ne pas être capable de s'arrêter de parler, etc.
L'élève qui a un mal de tête en entrant un matin dans la classe n'a pas nécessairement un problème. Mais si le même élève a régulièrement mal à la tête a chaque fois qu'il doit se rendre l'école et jamais la fin de semaine, on peut commencer à penser qu'il a un problème de somatisation relié au stress scolaire.
On peut aussi classer dans les troubles comportementaux scolaires toutes les manifestations comportementales qui s'écartent de l'usage courant, tous les comportements étranges, bizarres, extravagants et insolites. Nous avons tous nos petites manies, mais quand un élève répète la même phrase jour après jour ou qu'il dessine à répétition toujours le même dessin aussi fidèlement que le fait un photocopieur, nous pouvons penser que nous avons affaire à un problème. Nous sommes tous également plus ou moins inquiets de notre avenir, mais lorsque cet état dinsécurité nous pousse à questionner notre entourage sans cesse sur ce qui va se passer dans les cinq prochaines minutes, on peut penser que nous avons affaire à un problème d'anxiété pathologique.
En résumé, tout élève qui manifeste des comportements scolaires
s'écartant de la norme socialement acceptable et qui occasionne des difficultés
d'adaptation à ceux qui lentourent ou à lui-même de façon persistante, peut
être considéré comme ayant un trouble comportemental.
Comment évaluer le trouble comportemental en milieu scolaire spécialisé ?
Il nexiste pas encore de thermomètre ou dappareil électronique pour évaluer de façon objective lexistence d'un trouble comportemental. Il faut, hélas, se fier au jugement subjectif des intervenants spécialisés dans ce domaine.
Cest donc à partir des observations et de la connaissance que nous avons de lélève que nous pouvons déterminer la nature et la gravité dun trouble comportemental. Les outils les plus fréquemment utilisés sont les grilles dobservation systématique ou des questionnaires qui font appel à la connaissance que nous avons acquise de lélève.
Plusieurs écoles, organismes et intervenants ont développé leur propre outil dévaluation. Il n'existe pas d'outil standardisé et universel pour déterminer avec précision la nature des troubles comportementaux. Le meilleur outil est probablement celui qu'on juge personnellement comme étant le meilleur ou celui qui nous semble le mieux adapté à la clientèle de linstitution. Le problème qu'on rencontre souvent est quun tel outil est bien adapté à tel type d'élève fréquentant une polyvalente, mais mal adapté à la clientèle d'un centre d'accueil. Souvent aussi, l'outil s'adresse à une clientèle délèves du régulier et nest pas adapté à des élèves dune classe à effectif réduit dans un centre spécialisé desservant une clientèle spécifique.
Il est aussi évident que les troubles comportementaux occasionnés par un environnement social malsain ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux occasionnés par des déficits cérébraux, congénitaux et permanents.
Dans les pages suivantes, on trouvera un exemple d'outil d'évaluation des difficultés comportementales sous forme de questionnaire. Il comprend 30 caractéristiques susceptibles dêtre rencontrées chez les élèves qui ont des troubles comportementaux. Une fois le questionnaire complété avec laide de l'enseignant principal, on peut décrire avec assez de précision les forces et les faiblesses comportementales de lélève évalué.
INVENTAIRE DES TROUBLES COMPORTEMENTAUX EN MILIEU SCOLAIRE par François Émond, M.Ps. (août 1993) Nom de lélève : Son âge : Son niveau scolaire en français : en mathématiques : Date de lévaluation : Nom de lenseignant consulté : |
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1 = JAMAIS :
Na pas de problème à ce niveau, cest une force. 2 = A LOCCASION : Ça lui arrive, mais cela naffecte pas beaucoup son adaptation. 3 = TRÈS SOUVENT : Cest une de ses faiblesses et cela exige de fréquentes interventions |
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CONSIGNES POUR COMPLÉTER LE QUESTIONNAIRE
Ce document doit être complété avec l'aide d'une personne qui a pu observer lélève durant au moins trois semaines et ce, dans la majorité des activités quotidiennes à lintérieur de lécole. En plus dencercler le chiffre dans la colonne de droite qui décrit le mieux le fonctionnement de lélève on peut souligner les mots dans le texte qui décrivent le mieux son comportement. On peut aussi ajouter des notes afin de mieux préciser la spécificité du
comportement observé |
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Liste des 30 caractéristiques évaluées | Force Faiblesse |
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1- AUTONOMIE AU TRAVAIL A de la difficulté à travailler seul, il a besoin de soutien soit pour commencer, continuer ou terminer son travail |
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2- DIFFICULTÉ A SOUTENIR L'ATTENTION A de la difficulté rester attentif, il est souvent distrait ou dans la lune. |
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3. MANQUE DE MOTIVATION AUX APPRENTISSAGES Ne semble pu intéressé aux activités proposées, il ne fait pas d'effort, il abandonne rapidement. |
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4. IMPULSIVITÉ ET INSTABILITÉ A tendance à agir sans prendre le temps de réfléchir, il change d'idée souvent et rapidement et son humeur est fluctuante. |
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5- RÉACTIONS ÉMOTIVES EXCESSIVES A des réactions émotives disproportionnées, il rit ou il pleure de façon exagérée et souvent sans motif réel |
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6. DIFFICULTÉ A SE SÉPARER DE L'ADULTE Est souvent près de l'adulte en classe et dans la cour de récréation, préfère la présence de ladulte a celle des pairs |
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7- SOMATISATION Traduit sa nervosité et l'évitement de la situation stressante par des maux physiques tels que: douleur au ventre, à la tête, nausées, fatigue, étourdissement, fièvre ou envie compulsive d'aller à la toilette. |
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8- INHIBITION SOCIO-AFFECTIVE: A de la difficulté à saffirmer, à exprimer ses besoins et ses goûts, à prendre sa place. Il passe souvent inaperçu. Il socialise peu en raison d'un manque d'assurance, d'une peur des autres ou tout simplement par manque dintérêt pour autrui |
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9. OPPOSITION AUX CONSIGNES Est opposant avec l'adulte, il refuse, il argumente, il réplique, il résiste, il fait semblant de ne pas comprendre. |
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10. INTOLÉRANCE À LA FRUSTRATION A de la difficulté à accepter le délai. Il faut quil obtienne immédiatement ce qu'il veut, sinon il se fâche, boude ou fait des gestes de colère et dagressivité. |
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11- FAIBLE ESTIME DE SOI Exprime de différentes façons quil nest pas bon ou qu'il ne se sent pas bon ou qu'il n'est pas capable. Il a tendance à se dévaloriser. |
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12- REJETÉ OU BOUC ÉMISSAIRE A cause de ses gestes, de ses attitudes ou de ses paroles, il a tendance à subir ou à attirer le rejet. |
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13- BOUFFONNERIES EXCESSIVES Aime attirer l'attention de façon inadéquate et dans d" situations inopportunes. Il fait du cabotinage, des pitreries, il agace, il taquine, il se moque, il fait le clown. |
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14 HYPERACTIVITÉ VERBALE A tendance à être impulsif sur le plan verbal. On doit lui répéter souvent de se taire ou dattendre son tour pour parler. |
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15. HYPERACTIVITÉ MOTRICE A tendance à être impulsif sur le plan moteur. On doit lui répéter souvent de ne pas bouger ou de rester là où il est, ou de retourner à sa place. Ne pas bouger semble très difficile, voire impossible, pour lélève. |
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16- AGRESSIVITÉ PHYSIQUE L'élève est agressif physiquement, il lui arrive de pousser. de tirer, de frapper, de pincer, de serrer, de griffer, de mordre, de gifler, etc. |
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17- AGRESSIVITÉ VERBALE Lélève est agressif dans ses propos, il menace, injurie et se moque. |
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18- AGRESSIVITÉ SUR LE MATÉRIEL Défoule on agressivité sur la matériel, lance, déchire, frappe, salit, jette des choses par terre. |
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19- AUTOMUTILATION Manifeste sa frustration ou son agressivité sur lui-même en se frappant, en se mordant, en se griffant, en se giflant ou par des gestes dangereux pour lui |
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20. AGIR SEXUEL INAPPROPRIÉ Manifeste par ses gestes ou ses paroles un intérêt exagéré ou inacceptable sur le plan sexuel sur lui-même ou sur les autres. |
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21- GESTES STÉRÉOTYPES, TICS, MANIÉRISMES Présente des tics nerveux, des manies, de l'écholalie, des rituels ou gestes bizarres |
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22. FABULATION, INCOHÉRENCE DU DISCOURS Dit et répète souvent des paroles bizarres qui sont hors contexte ou raconte des histoires invraisemblables; son discours est difficile à suivre, il y a confusion entre son imagination et la réalité. Il peut se prendre pour un autre ou donner une fausse identité aux autres. |
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23. FIXATIONS/OBSESSIONS/COMPULSIONS A un intérêt exagéré pour certains objets. Il a des idées fixes sur lesquelles il revient fréquemment. Il ne peut s'empêcher de penser, de dire, de toucher ou de collectionner certaines choses. |
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24- FANTASMES ET IDÉES MORBIDES A des pensées violentes, sadiques, destructrices, de cruauté orientée vers lui, vers les autres ou vers des objets. Il verbalise quil va tout casser, qu'il va tuer ou se tuer, quil va torturer ses pairs, etc. |
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25- ABSENCE DE CONTACT VISUEL ET RELATIONNEL Il évite de regarder celui qui tente de communiquer avec lui et il ne porte pas dintérêt pour la socialisation. |
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26. ANXIÉTÉ/ INQUIÉTUDES EXCESSIVES A tendance à exprimer de façon répétitive la même inquiétude ; il se préoccupe de façon exagérée des événements à venir. |
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27- PHOBIES/PEURS EXCESSIVES Manifeste des craintes démesurées pour certaines choses et cela lui occasionne un stress qui le perturbe et le paralyse. Peur da chiens, du tonnerre, des ballon, du vide, de l'eau, des avions, etc. |
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28- HALLUCINATIONS ET DÉLIRES A limpression et est même certain de voir des choses ou d'entendre de sons ou des voix que lui seul est en mesure de constater. Il voit ou entend une personne ou des choses qui lui dictent ses propres gestes et paroles. Les hallucinations sont souvent accompagnées de délire verbal tout aussi irréel. |
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29- PARANOÏA, MÉFIANCE, PERSÉCUTION A vraiment l'impression qu'on lui en veut, il se méfie de tous, il s'imagine que certaines personnes préparent des complots pour lui faire du tort. Il se complique la vie pour éviter des pièges irréels. |
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30. CLEPTOMANIE Ne peut sempêcher de prendre des objets ne lui appartenant pas et ce même sil nen a pas besoin et même sil peut les payer facilement. |
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L'ÉLÈVE HYPERACTIF
Lhyperactivité est probablement le syndrome qui occasionne le plus de troubles
comportementaux en milieu scolaire ét il est sûrement le plus connu. Les trois
principales caractéristiques de lélève hyperactif sont les suivantes :
inattention, impulsivité et hyperactivité motrice d verbale.
De façon plus précise, l'élève hyperactif présente les signes suivants:
Cest en fait le prototype contraire de lélève modèle qui est sage, obéissant, docile, tranquille, collaborant, motivé, attentif et poli.
Il est rare quun élève présente toutes ces caractéristiques à la fois.
Lintensité, la fréquence et la gravité des symptômes varient d'un élève à
l'autre. C'est pour cette raison qu'il est difficile de généraliser lorsqu'on parle d'un
élève qui présente du signes d'hyperactivité. Chaque élève da hyperactif lest
à sa propre manière. Chaque cas est unique et demande des interventions
individualisées.
L'ÉLÈVE INHIBÉ
Tout comme l'hyperactif, il est plutôt rare qu'un élève inhibé présent toutes ces
caractéristiques à la fois. L'intensité, la fréquence et la gravité de chacune des
caractéristiques varient d'un élève à l'autre.
L'ÉLÈVE QUI PRÉSENTE DES TRAITS PSYCHOTIQUES
L'élève qui présente des traits psychotiques manifeste un contact avec la réalité
altéré, une communication dysfonctionnelle et a un ou des comportements qui s'écartent
de l'usage courant.
De façon plus précise, l'élève qui présente des traits psychotiques a tendance à manifester de façon persistante une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
Lélève ne semble pas réagir émotivement comme les autres, il est. souvent seul et ne présente pas dintérêt pour la socialisation.
Lorsqu'il socialise, cest souvent de façon inappropriée. Il a des tics nerveux, des manies, des gestes stéréotypés, des rituels et de lécholalie.
Il ne parle pas ou très peu, il raconte des choses bizarres, son discours est parfois ou souvent hors contexte. Ses réponses n'ont pas de lien direct avec nos questions.
L'élève a aussi des idées fixes sur certains thèmes qui sexpriment par des obsessions ou des gestes compulsifs.
L'élève a aussi parfois des idées morbides ou des inquiétudes exagérées qui lui font vivre de l'anxiété. Le contact visuel est difficile, absent ou fuyant.
Lélève peut aussi manifester des phobies, de la paranoïa et des hallucinations. Lélève peut se sentir persécuté de façon non fondée, il entend des voix qui lui dictent ce qu'il doit faire et il peut prêter vie à un objet inanimé ou communiquer verbalement avec un personnage imaginaire.
Évidemment et encore une fois, est-il utile de le préciser, il est très rare qu'un élève présente toutes ces caractéristiques à la fois. Cest principalement pour cette raison qu'on dit de lélève qu'il présente des traits psychotiques et non quil est psychotique. Par ailleurs, lélève qui a des traits psychotiques peut par exemple présenter seulement deux des caractéristiques nommées précédemment et en être affecté plus gravement dans son fonctionnement quotidien quun autre élève qui pourrait en présenter plusieurs mais à un faible niveau.
Il y a donc plusieurs façons de présenter des troubles de nature psychotique et il
est donc très difficile de généraliser dans ce domaine et daffirmer quun
tel est psychotique et qu'un autre ne l'est pas
PRÉCISIONS SUR DEUX TYPES DE PSYCHOSE INFANTILE :
L'AUTISME ET LA SCHIZOPHRÉNIE
Dans bien des cas, on se contente de dire qu'un élève a des traits psychotiques sans
aller plus loin dans lévaluation. Il y a cependant des particularités qui
distinguent deux types d'élèves à traits psychotiques.
Certains présentent des traits autistiques et d'autres des traits de nature
schizophrénique.
PRINCIPALES DIFFÉRENCES
PRINCIPALES RESSEMBLANCES
Pour conclure au sujet des élèves qui ont des traits psychotiques, disons qu'il n'y a pas en ce moment de moyen objectif pour évaluer la nature, lintensité, la gravite du problème. Encore une fois, il faut se fier au jugement subjectif du ou des spécialistes qui travaillent avec ce type d'élèves.
Cest principalement pour cette raison qu'il existe autant de controverses sur la
façon d'évaluer ce type de problème. Certains spécialistes ou parents refusent
d'envisager le fait qu'un élève présente des traits psychotiques et ce, même
sils sont confrontés à l'évidence extrême. D'autres, par contre,
sinquiètent outre mesure devant un élève qui a moindrement une imagination
fertile ou une petite excentricité dans la conduite.
LES CAUSES DU TROUBLE COMPORTEMENTAL
Maintenant que nous avons bien défini ce que nous entendons par " troubles
comportementaux ", il serait peut-être temps de se pencher sur les causes de ces
derniers.
Les causes... Et bien mon Dieu, quelle question ! Elles sont multiples et nous ne sommes jamais certains de l'importance de chacune d'elles dans la détermination du trouble de l'élève.
On parle souvent ces temps-ci dune immaturité ou d'un dysfonctionnement neurologique. Le trouble de l'enfant serait surtout dû à un malfonctionnement neurologique. Certains circuits nerveux du cerveau se développeraient plus lentement ou se développeraient de façon anormale. Mais une fois que nous avons dit ça, sommes-nous plus avancés?
Oui, car d'une certaine manière, cette façon de penser a contribué à enlever un poids énorme de culpabilité et de remise en question des parents qui, à tort, ont été accusés dans le passé dêtre responsables directement du fonctionnement de leur enfant. Il n'y a pas si longtemps, plusieurs spécialistes avaient tendance à penser que l'état de l'enfant était principalement dû à la relation quavait eu la mère et le père avec ce dernier.
On peut se demander maintenant pourquoi l'enfant a un retard ou un dysfonctionnement neurologique. Plusieurs facteurs peuvent influencer le développement neurologique d'un individu.
Il y a d'abord l'hérédité. Tout individu a reçu une partie du code génétique du père et une partie du code de la mère. Dans chacun de ces deux codes, il y a toutes les belles qualités de ses ancêtres, mais aussi toutes les difficultés de l'humanité. Et comme on ne choisit pas son propre code génétique, il est facile dimaginer qu'il y a une part de chance ou de fatalité dans la façon dont est déterminé le cerveau qu'aura notre individu.
Mais même si nous héritons d'un cerveau " bien en santé " sur le plan génétique, il se peut que, durant la grossesse, notre mère ait subi des stress énormes, qu'elle ait eu une mauvaise alimentation, elle peut avoir consommé des drogues ou mené une vie " pas très catholique". Ainsi durant la grossesse, le cerveau de l'individu ne s'est peut-être pas formé dans le contexte idéal de développement.
Au moment critique de la naissance, il se peut que laccouchement soit difficile et que le nouveau-né manque d'oxygène suffisamment longtemps pour affecter de façon irréversible le fonctionnement neurologique de certaines parties du cerveau.
Après la naissance, nous ne somma pas nécessairement à l'abri de tout facteur qui pourrait influencer négativement le développement de notre cerveau. L'enfant qui vit et grandit dans un milieu socio-économique et culturel très faible a aussi plus de risques de développer des difficultés comportementales permanentes. Son alimentation et ses habitudes de vie peuvent certainement contribuer à influencer négativement le développement de son cerveau.
Il y aurait aussi plusieurs maladies durant lenfance pouvant semble-t-il affecter le développement ultérieur du cerveau.
Lenfant peut aussi être victime d'un accident cérébral qui pourrait affecter son fonctionnement cérébral et engendrer des difficultés comportementales.
À tout âge aussi, notre code génétique déjà programmé peut faire actualiser des faiblesses comportementales qui n'étaient pas apparentes durant les premières années de vie.
On voit donc que l'organisation neurologique qui commande l'ensemble de nos
comportements peut être affectée de plusieurs façons et dans différentes périodes de
notre vie.
LES STRATÉGIES D'INTERVENTION
Maintenant que nous savons mieuxce qu'est un trouble comportemental et d'où il provient,
qu'est-ce qu'on fait avec ?
Comme il n'y a pas encore sur le marché de pièces de rechange du cerveau, il faut adapter nos interventions en fonction Justement da caractéristiques particulières de lélève et de son style comportemental.
Ainsi, ce qui apparaît le plus important, cest d'abord que lélève puisse évoluer dans la " bonne école " dans la " bonne classe ". Il faut donc s'assurer que l'élève ait été orienté dans le milieu qui connaît ses besoins et qui a adapté ses services en fonction de ses difficultés.
La deuxième chose qui apparaît importante, cest que l'élève puisse évoluer dans un groupe à effectif réduit. Lélève qui manifeste des troubles comportementaux aura beaucoup de difficultés à fonctionner dans un grand groupe. Il va se nuire à lui-même ainsi qu'aux autres. Bref, dans un grand groupe, c'est l'ensemble des membres qui sera affecté.
En troisième lieu, il faut que l'intervenant adapte ses actions de tous les jours en fonction des handicaps de ses élèves Par ses attitudes, gestes et paroles, il peut influencer positivement ou négativement la dynamique et le développement de ses élèves.
En quatrième lieu, il faut que l'élève puisse bénéficier de services complémentaires. L'élève qui manifeste des troubles comportementaux demande parfois à l'intervenant principal une somme d'énergie qu'il ne peut combler à lui seul.
En cinquième lieu, il faut que l'élève puisse bénéficier d'un plan d'intervention individualisé dans lequel il y a eu concertation multidisciplinaire des différents intervenants qui ont à côtoyer l'élève en question.
En sixième lieu, il semble que toutes les activités d'expression créatrice dans lesquelles l'élève a lopportunité de sexprimer globalement, favorisent un meilleur contrôle et une plus grande harmonisation sur le plan comportemental. Par activité d'expression créatrice, on pense ici aux différentes activités d'art telles que: expression orale, dramatique, corporelle, musicale, graphique et manuelle.
On pense aussi à la mise en place de rencontres régulières avec l'élève pour lui permettre d'exprimer au fur et à mesure ce quil vit, ce qu'il ressent et ce qu'il en pense. On peut utiliser la technique du journal personnel ou de classe supervisée, des séances psychodynamiques dirigées, des périodes de relaxation, des mises en situation, des activités de résolution de problèmes, des jeux de rôles, des activités de développement socio-affectif ou de formation personnelle et sociale.
En résumé, plusieurs stratégies éducatives peuvent être utilisées pour
aider l'élève à mieux contrôler et mieux comprendre son comportement de tous les
jours.
Dans la section suivante, nous allons traiter des attitudes et des moyens que peut utiliser un intervenant pour s 'aider dans sa démarche d'encadrement auprès des élèves qui ont des difficultés comportementales.
30 MOYENS, ATTITUDES ET CARACTÉRISTIQUES À CONNAÎTRE POUR FAIRE FACE AUX DIFFICULTÉS COMPORTEMENTALES DE VOS ÉLÈVES
(basés sur l'expérience clinique avec la clientèle du centre) - Texte conçu et révisé en 1990-91-92)
1. Soyez patient, patient et encore patient.
2. Manifestez de la tolérance, de la compréhension et de l'empathie.
3. Restez calme, évitez de vous emporter, de vous exaspérer, de crier, de confronter,
de menacer, d'injurier, dhumilier, de frapper, de pincer, de tirer, d'écraser ou de
serrer.
4. Gardez à l'esprit qu'il est fort possible que votre élève ait un système nerveux qui le prédispose à un contrôle plus difficile de ses réactions émotives.
5. Attendez-vous à remarquer chez votre élève des réactions de frustration pour des choses anodines, de lopposition à vos demandes, des comportements de bouffonnerie pour attirer l'attention, des réactions émotives instables et exagérées, de l'agressivité injustifiée envers les objets ou les autres.
6. Il est aussi fort possible que ses habiletés d'attention auditive et
visuelle soient réduites. Sa capacité de mémorisation à court et long terme est
probablement affectée ainsi que la plupart de ses habiletés cognitives nécessaires aux
apprentissages scolaires.
7. Vous devez donc vous attendre à ce que votre élève éprouve de la difficulté à être attentif à vos paroles. De plus, il a probablement tendance à oublier rapidement ce que vous venez de lui rappeler. Il est donc fort possible que vous ayez à répéter plusieurs fois la même demande. Inutile de vous égosiller à en perdre la voix et la santé, répétez plutôt la consigne dun ton calme. En agissant de la sorte, vous évitez de vous épuiser, d'énerver encore davantage votre élève et surtout dameuter le voisinage.
8. Votre élève a probablement tendance à s'exciter facilement. Sa surexcitation est contagieuse et le reste de la classe en est pénalisé. Il est donc très important que votre élève puisse évoluer le plus possible à l'intérieur d'une routine sécurisante pour diminuer son niveau d'anxiété et ses motifs de surexcitation.
9. Établissez une structure d'encadrement dans laquelle les horaires, les consignes, la directives et les règlements sont clairs, courts, constants et faciles à comprendre.
10. Une fois cette structure mise en place, soyez constant et cohérent. L'élève doit savoir à quoi s'attendre de votre part. Si vous changez d'idée aux deux minutes, votre élève deviendra plus anxieux, plus surexcité et plus perturbateur. Votre élève doit connaître vos attentes et les limites de ce que vous trouvez acceptable et non acceptable dans sa conduite.
11. Renforcez positivement les bons comportements. Votre élève recherche et a besoin de votre attention. Mieux vaut lui en donner lorsqu'il se comporte adéquatement que lorsqu'il est un vrai " petit diable ". En agissant ainsi, vous lui montrez qu'il a avantage à bien se conduire s 'il veut se mériter de l'attention de votre part.
12. Ignorez intentionnellement les petits écarts de conduite et ramenez plutôt votre
élève à ce qu'il devrait faire, au lieu d'intervenir sur ce qu'il ne fait pas
correctement.
13. Mettez en place un système de renforcement individuel pour encourager votre élève à faire des efforts pour bien se comporter.
14. Sous forme d'un petit tableau dans la classe ou dans son cahier, notez ou faites lui noter les bons comportements qu'il manifeste durant la journée.
15. Évitez d'insister sur ses erreurs, ses échecs ou ses écarts.
Dites-vous quil le sait et qu'il n'a pas besoin de se le faire dire 10 fois,
d'autres avant vous l'ont sûrement fait.
16. Dites-vous aussi que le problème de votre élève ne se règle pas en cinq minutes
d'intervention, mais plutôt après un long entraînement de tout ce qui précède.
17. Gardez le sens de lhumour et dites à votre entourage de vous le rappeler lorsque vous l'oubliez.
18. Parlez aux autres de vos difficultés, c'est à force den parler que de nouvelles solutions risquent d'émerger.
19. Faites vous confiance vous êtes la personne la mieux placée pour trouver la bonne solution.
20. Ne vous fixez pas dattentes ou d'objectifs trop élevés, les élèves " normaux " évoluent lentement, les nôtres très très lentement.
21. Pour certains, on peut utiliser un contrat verbal ou écrit dans lequel l'élève s'engage à attendre certains objectifs.
22. Au lieu dessayer de régler un problème de comportement au moment où tout le monde est tendu, y compris vous-même, attendez dêtre plus détendu et faites un retour sur les événements avec l'élève concerné.
23. Changez la disposition de votre local. La modification physique des lieux peut à loccasion modifier positivement la dynamique du groupe.
24. Changez la disposition des élèves. Changer les élèves de place peut aussi à l'occasion modifier positivement la dynamique du groupe.
25. Essayez dans la mesure du possible de rester physiquement à proximité de l'élève qui a tendance à avoir des difficultés dordre comportemental. Le seul fait de sentir l'intervenant proche peut suffire à le rassurer et à diminuer la fréquence de ses comportements difficiles.
26. Utilisez un moyen de communication avec les parents pour les informer du
comportement de lélève en classe. Précisez aux parents que vous le faites non pas
pour quils punissent leur enfant, mais simplement pour quils soient informés
et qu'ils puissent en parler avec lui.
27. Couchez-vous de bonne heure ! Évitez sur semaine les discothèques et la fermeture
des bars (surtout pour ceux et celles qui ont plus de 30 ans !).
28. Lorsque lélève est en crise non pas existentielle mais d'agressivité, qu'il brise tout sur son passage, quil agresse physiquement son voisin ou vous-même et n'est plus en état d'écouter quoi que ce soit, utilisez larrêt dagir. Immobilisez lélève en lui tenant les deux bras en vous plaçant derrière lui et en lui répondant le plus doucement possible de se calmer. Vous lui dites aussi que vous ne voulez pas lui faire de mal, mais seulement lempêcher de tout casser. Essayez dans la mesure du possible de vous protéger de ses coups de pied ou de ses morsures, demandez à un élève d'aller chercher l'aide d'un autre intervenant.
29. Si lélève est en crise dagressivité et si vous nêtes pas en mesure, pour toutes sortes de raisons, de limmobiliser, et sil est une source potentielle de danger pour les autres, faites évacuer la classe et demandez laide d'un autre intervenant.
30. Lorsque vous avez épuisé toutes vos ressources et les moyens cités précédemment, utilisez le retrait.
Afin de prévenir une crise d'agressivité, il est parfois préférable de faire de la prévention en retirant lélève du groupe pour un certain temps.
En procédant ainsi, vous permettez à l'élève de diminuer son niveau de tension et vous lui offrez la chance de se calmer Le retrait contribue également à diminuer le niveau de tension au sein de la classe et facilite, il va sans dire, la remise en place d'un climat propice au calme et aux apprentissages.
Le retrait ne doit pas être perçu par l'élève comme une punition mais plutôt comme une occasion de relaxer et de revenir en forme dans la classe.
Dès que lélève dit qu'il est calme et qu'il veut retourner en classe pour travailler, et que d'après le jugement de laccompagnateur, il est vraisemblable que cela soit exact, l'élève retourne dans la classe.
ÊTRE INTERVENANT AUPRÈS D'ÉLÈVES EN DIFFICULTÉS COMPORTEMENTALES
Le prototype classique de l'intervenant idéal, c'est celui qui est gentil, doux, juste, qui prend le temps d'écouter, qui a le contrôle et le respect de son groupe, qui sait intéresser ses élèves aux apprentissages et les fait progresser C'est aussi celui qui laisse une certaine liberté et qui fait confiance tout en encourageant ses élèves dans leurs apprentissages.
Celui quon ne voudrait pas avoir, c'est celui qui est bête et méchant, qui chicane souvent, qui punit injustement, qui crie inutilement, qui ne sintéresse pas à ses élèves, qui ne fait pas confiance et qui est trop sévère.
Lorsque lintervenant a un groupe d'élèves " sages comme des images ", il est facile d'imaginer qu'il doit être relativement simple dadopter le prototype de l'intervenant idéal, mais lorsque ce dernier a un groupe composé en majorité délèves en difficultés comportementales, il est aussi tout à fait facile d'imaginer que le modèle de l'intervenant " bête et méchant " peut être tentant à l'occasion !
Lintervenant qui a des élèves présentant des difficultés comportementales est souvent confronté à des situations pour lesquelles il n'a pas de réponses claires et précises. Il doit faire face quotidiennement à des situations nouvelles et inattendues auxquelles il ne sait pas toujours comment réagir. Il peut facilement avoir l'impression d'être dépassé par les actions des élèves, et comme l'intervenant a un groupe en face de lui, il ne peut pas appuyer sur " Pause ", " Réfléchir " puis " Agir ", il doit réagir sur le champ et se servir souvent de son intuition.
Lélève en difficultés comportementales provoque aussi, en raison de son agir, des remises en questions fréquentes chez lintervenant. Le manque déquilibre comportemental de l'élève pousse l'intervenant à faire des efforts pour conserver le sien ! Plus le déséquilibre chez l'élève est grand, plus l'intervenant doit fournir des efforts pour trouver des solutions adaptées aux problèmes rencontrés. Ce type de situations est propice à l'accumulation d'un stress négatif qui, à la longue, peut provoquer un état d'épuisement professionnel.
On dit par ailleurs qu'une des principales motivations d'un intervenant, c'est de pouvoir constater les progrès de ses élèves. Comme le progrès est plutôt lent et difficile à constater à court terme qu'il y a même souvent régression, cela peut entraîner à l'occasion une démotivation et des sentiments de frustration chez I intervenant.
Le travail d'équipe et le climat institutionnel peuvent aussi être affectés négativement par la présence de troubles comportementaux trop fréquents ou intenses chez un élève. Il va de soi que, lorsque tout le monde est beau et gentil, il est facile de conserver l'harmonie et le bonheur au sein des membres de l'équipe. Mais lorsque les problèmes de lélève dépassent une certaine limite, on en vient rapidement à se rendre compte que ce n'est pas facile d'avoir lunanimité en ce qui concerne les moyens à prendre pour faire face à la musique.
Le parent trouve que l'enseignant est trop... , la psycho-éducatrice exige une suspension, le psychologue est d'avis que lélève n'est pas assez... , le directeur ne peut continuer à tolérer que... , le médecin est introuvable ! Le travailleur social pense que le père... , la mère dit que la sur... , le professeur d'éducation physique considère qu'il n'y a pas de problème avec lui, le professeur d'arts plastiques refuse de lui enseigner, lorthophoniste suggère une autre ressource, la grand-mère veut un service d'appoint. Durant ce temps, l'élève continue à perturber le milieu, les intervenants jasent entre eux, chacun développe sa petite idée de ce qui devrait arriver. Certains disent qu'il ne se passe rien, dautres au contraire ont l'impression qu'il y a dramatisation de la situation. Les uns commencent à trouver que c'est la faute de..., la tension augmente, le climat se dégrade, tout le monde pense à ses vacances !
Plus les troubles comportementaux de l'élève sont élevés et difficiles à contrôler, plus la probabilité de voir apparaître la divergence d'opinion et la tension au sein de l'équipe d'intervenants augmente.
Malgré tout, existe-t-il une façon idéale d'intervenir auprès des élèves qui ont des difficultés comportementales ? Existe-t-il une façon d'éviter tous ces pièges? Malheureusement pour ceux qui recherchent des recettes toutes préparées, il semble que ce soit à chaque intervenant de trouver ses propres solutions dadaptation pour lui-même en fonction de sa personnalité. Certains sont plus à l'aise avec un style d'intervention, dautres sont à l'aise avec une autre approche.
Il y a cependant quelques règles de base qui peuvent faciliter et contribuer à entretenir une certaine vitalité professionnelle de même qu'un climat d'équipe positif.
Dans la section suivante, vous trouverez un test quil ne faut pas
trop prendre au sérieux. Il a été conçu pour stimuler votre réflexion sur votre
propre style d'intervention. Il vous aidera à répondre à la question suivante : Suis-je
trop ou pas assez... ?
VOTRE STYLE DINTERVENTION FACE AUX TROUBLES DE LA CONDUITE : ÊTES-VOUS DE TYPE TRADITIONNEL OU DE TYPE LIBÉRAL ? |
||||
Cochez la case qui représente le mieux votre style dintervention pour chacun des moyens cités dans la liste ci-jointe. Répondez en fonction de ce que vous faites vraiment et non en fonction de ce que vous pensez quil faut faire. | ||||
Première
colonne: JAMAIS, je n'utilise ce moyen.
Deuxième colonne: A L'OCCASION, jutilise ce moyen. Troisième colonne: TRÈS SOUVENT, j'utilise ce moyen. |
||||
Liste de moyens | JAMAIS |
PARFOIS |
SOUVENT |
|
1 |
Encouragements verbaux (cest beau, bravo, continue, c'est parfait, cest bon, etc.) | 0 |
1 |
2 |
2 |
Retenue durant une recréation ou à la fin des classes. | 2 |
1 |
0 |
3 |
Ignorance intentionnelle des petits écarts de conduite. | 0 |
1 |
2 |
4 |
Copie (écrire les règlements ou la règle enfreinte plusieurs fois). | 2 |
1 |
0 |
5 |
Ramener l'élève à h tâche plutôt quintervenir sur le comportement indésirable. | 0 |
1 |
2 |
6 |
Cesser une activité en cours et imposer le silence au groupe durant une certaine période de temps. | 2 |
1 |
0 |
7 |
Donner un congé de devoirs | 0 |
1 |
2 |
8 |
Face à une faute de l'élève, insister pour qu'il avoue ses torts. | 2 |
1 |
0 |
9 |
Utiliser des jetons, collants, argent scolaire, certificats de bonne conduite, points gagnés, etc. | 0 |
1 |
2 |
10 |
Confronter l'élève, jusqu'à ce qu'il obéisse pour bien lui montrer que c'est vous qui avez lautorité. | 2 |
1 |
0 |
11 |
Contacts physiques affectueux: coller l'élève, l'embrasser, main sur son épaule, sur sa tête, etc. | 0 |
1 |
2 |
12 |
Réprimander l'élève devant les autres. | 2 |
1 |
0 |
13 |
Utiliser le " sourire chaleureux " ou de compliments sur l'aspect ou les comportements de l'élève | 0 |
1 |
2 |
14 |
Maintenir l'élève par le bras, pour s'assurer de son attention au moment où on lui parle. | 2 |
1 |
0 |
15 |
Modifier une situation stressante ou déplaisante en changeant volontairement de sujet avec l'élève. | 0 |
1 |
2 |
16 |
Priver d'une activité agréable ou confisquer un jeu. | 2 |
1 |
0 |
17 |
Augmenter intentionnellement votre niveau de patience et de tolérance. | 0 |
1 |
2 |
18 |
Lui parler de très près pour s'assurer de sa compréhension. | 1 |
1 |
1 |
19 |
Augmenter intentionnelle votre niveau de sévérité pour un élève manipulateur qui semble vous tester. | 2 |
1 |
0 |
20 |
Cesser votre activité et fixer l'élève d'un regard sévère sans dire un mot. | 2 |
1 |
0 |
21 |
Utiliser l'humour pour désamorcer une situation de tension. | 0 |
1 |
2 |
22 |
Isoler l'élève dans la classe | 2 |
1 |
0 |
23 |
Isoler l'élève dans le corridor. | 2 |
1 |
0 |
24 |
Isoler lélève dans un autre local. | 2 |
1 |
0 |
25 |
Utiliser larrêt d'agir, immobiliser l'élève physiquement lorsqu'il est en crise dagressivité. | 1 |
1 |
1 |
26 |
Terminer un travail non complété durant une récréation. | 2 |
1 |
0 |
27 |
Renforcements alimentaires (bonbon, biscuit, chocolat, etc. ). | 0 |
1 |
2 |
28 |
Hausser la voix avec un " air fâché ". | 2 |
1 |
0 |
29 |
Suite à un événement désagréable, faire un retour avec l'élève concerné | 2 |
1 |
0 |
30 |
Envoyer l'élève au bureau de la directrice adjointe. | 2 |
1 |
0 |
31 |
Suite à un événement désagréable, faire un retour après coup avec l'ensemble des élèves | 2 |
1 |
0 |
32 |
Envoyer l'élève consulter le psychologue. | 0 |
1 |
2 |
33 |
Consulter soi-même le psychologue | 0 |
1 |
2 |
34 |
Avertir l'élève que vous allez appeler ou écrire à ses parents. | 2 |
1 |
0 |
35 |
Appeler ou écrire aux parents pour les informer de la conduite inappropriée de I élève. | 2 |
1 |
0 |
36 |
Demander à h direction une suspension temporaire de l'école. | 2 |
1 |
0 |
37 |
Encourager l'élève à exprimer ses émotions par le biais d'activités de développement socio-affectif | 0 |
1 |
2 |
38 |
Exiger des excuses de l'élève pour son comportement déviant. | 2 |
1 |
0 |
39 |
Utiliser des méthodes de relaxation pour favoriser la détente et le calme de vos élèves lors des activités. | 0 |
1 |
2 |
40 |
Exiger que l'élève replace ou répare ce qu'il a déplacé ou brisé. | 2 |
1 |
0 |
41 |
Encourager l'élève ù exprimer ses émotions et ses sentiments par rapport aux événements qui se passent en classe. | 0 |
1 |
2 |
42 |
Utiliser des réunions de classe où on discute da problèmes rencontrés et des solutions pour y remédier. | 1 |
1 |
1 |
43 |
Donner da responsabilités et des tâches à accomplir aux élèves. | 0 |
1 |
2 |
44 |
Établissement d'un code de vie ou d'une liste de règlements à respecter. | 1 |
1 |
1 |
45 |
Utiliser un contrat écrit dans lequel l'élève sengage à atteindre certains objectifs. | 0 |
1 |
2 |
46 |
Modifier la disposition du local. | 1 |
1 |
1 |
47 |
Changer la disposition des élèves pour modifier la dynamique du groupe | 0 |
1 |
2 |
48 |
Rester à proximité de lélève qui a de la difficulté à demeurer calme. | 1 |
1 |
1 |
49 |
Utiliser la pression du groupe (Ex.: Si tu ne t'assois pas, personne ne va aller à la recréation) | 2 |
1 |
0 |
50 |
Se centrer sur les forces de l'élève au lieu dintervenir sur ses faiblesses. | 0 |
1 |
2 |
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DU QUESTIONNAIRE DÉVALUATION DE VOTRE STYLE DINTERVENTION
Pour connaître votre style dintervention vous n'avez qu'à additionner les
résultats obtenus pour l'ensemble des 50 moyens mentionnes précédemment. Ensuite, vous
navez qu'à vous situer dans l'une des cinq catégories suivantes:
Style numéro 1: de 0 à 20
RIGIDE, non permissif de style autoritaire. Les élèves ont intérêt à se
tenir les fesses serrées et les oreilles molles. Lélève récalcitrant à
intérêt à prendre son trou. La devise de l'intervenant pourrait être: "Ça
plie ou ça casse ! "
Style numéro 2: de 21 à 40
PLUTÔT TRADITIONNEL, avec une légère tendance libérale. Pour vous, c'est
important d'assurer un encadrement bien défini, mais vous laissez un peu de place aux
initiatives des élèves.
Style numéro 3 : de 41 à 60
ÉQUILIBRÉ, vous avez la sagesse de conjuguer traditions sécurisantes et
libertés épanouissantes. Les libertés de vos élèves ne vous font pas paniquer, mais
vous savez aussi qu'ils ont besoin d'évoluer à l'intérieur d'un cadre bien défini tout
en sachant qu'il y a des limites à respecter.
Style numéro 4 : de 61 à 80
PLUTÔT LIBÉRAL, avec une tendance à la tradition. Si ce n'était que de vous, il n'y en aurait pas de discipline mais la réalité vous montre bien qu'il faut en faire malheureusement
Style numéro 5 : de 81 à 100
" BONASSE " ! Vous êtes trop gentil, trop permissif et trop bon !
Dans votre classe, ça risque d'être le " party " continuel ou
lenfer perpétuel et ce, à vos dépens. Votre seule chance, c'est que vos élèves
soient tous des adeptes de lautodiscipline. Votre probabilité d'être mangé tout
rond est assez forte. Bonne année scolaire !
CONCLUSION A la fin de la section intitulée: "Quand la situation se corse", il était proposé cinq façons de réagir ou d'intervenir face à une situation difficile. J'ignore pour quelle solution vous avez opté, mais moi, je choisirais la quatrième. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle me convient en fonction de ma personnalité et de mes valeurs actuelles.
Il y a plusieurs années, j'aurais probablement choisi la solution numéro 1 ou 2 pour imposer mon autorité. Je me serais dit quaprès tout, dans une école, les élèves sont là justement pour apprendre à respecter les règles en vigueur. Jaurais mis d'autant plus de fermeté que je me serais dit que c'est là justement la source de leur problème.
Dans mes périodes dépressives, j'aurais pu facilement opter pour la solution numéro 3. Après tout, qui n'a jamais songé à remettre en question son orientation dans l'éducation spécialisée ! Peut-être qu'un jour, j'opterai pour la solution numéro 5, personne n'est à l'abri du trouble comportemental !
Il n'est pas facile d'évaluer le trouble comportemental et il est encore plus difficile de déterminer ce qu'on doit faire pour y remédier. Autant l'évaluation du trouble comportemental dépend de l'évaluateur et du milieu dans lequel évolue l'élève, autant l'intervention dépend de la personnalité de l'intervenant et de la philosophie institutionnelle véhiculée. Il n'y a pas, d'un côté, ceux qui n'ont pas de trouble comportemental et de l'autre, ceux qui en ont. Nous sommes tous et à des degrés divers, troublés ! La seule différence qu'il y a entre vous, un élève en difficulté comportementale et moi, c'est la fréquence, lintensité, la gravite et la durée du trouble
Nous sommes tous au cours de notre vie plus ou moins affectés par les troubles comportementaux. La plupart dentre nous réussiront à contrôler leurs fragilités et leurs prédispositions. Certains d'entre nous éprouveront quelques difficultés temporaires et situationnelles.
D'autres par contre, et c'est le cas des élèves en milieu scolaire spécialisé, éprouveront des difficultés à contrôler leurs troubles comportementaux dès leur jeune âge et ils auront à vivre toute leur vie scolaire avec des handicaps suffisamment importants pour nécessiter un encadrement spécialisé à l'intérieur d'un groupe à effectif réduit avec des services complémentaires.